dimanche 24 juin 2018

Ma grand-mère au guidon d’une moto.


Sur l'autoroute d'Arabie Saoudite, ma grand-mère  me donna l'ordre de lui passer le guidon de notre vielle moto presque abîmée, mais d'un air étonné et peu embrassé je lui fit savoir d'une voix calme qu'il est interdit à une femme de chez nous de conduire! 


De quelle planète es-tu ? Ne sais-tu pas que depuis minuit nous les femmes avons le droit de conduire! Hurla-t-elle.Conduire toutes sortes d’engins même à tenir efficacement le changement de vitesse de ton grand père ?




Transistor à fond,  le voile au vent, des coups de vitesse à répétition, grand-mère entraîna, l'engin dans les rues de Ryad et celles d'ailleurs où nombreuses  là-bas sont  ces femmes qui ce dimanche 24 juin 2018, sont à bord d'une voiture ou d'une moto ! Peu importe elles ont l’autorisation  de conduire, véritable première en Arabie saoudite.
Désormais dans ce royaume ultraconservateur de 32 millions d'habitants,  l'interdiction faite aux femmes de conduire, entrée en  vigueur depuis des décennies vient de s'évaporer, pas à l'effet d'une baguette de fée, car depuis 1990 une campagne de protestation est lancée. 


Le 6 novembre précisément, pendant la guerre du golfe, mon pays avait accueilli les GL’s américains,  de suite,  47 militantes  saoudiennes des sœurs à moi ont  pris le volant,  pour imiter les militaires américains, malheureusement elles seront interpellées et arrêtées.
Je me souviens de la jeune Manal al Sharif  une informaticienne de 32ans qui le 23 mai 2011 a décidé de conduire et de poster sur les réseaux sociaux ses photos, scandale au  pays ! Elle va écoper 9 jours d’emprisonnement. Une autre date , celle du 26 octobre 2013, des militantes saoudiennes demandent une nouvelle  fois le droit de conduire ceci à l’initiative du mouvement @oct26driving initié par deux journalistes à Abou Dhabi, une du nom de Loujain Hatéhloul  25ans et l’autre du nom de Mayssaa Alamoudi qui ont passé 25 jours en prison et sont libérées un 26 décembre,  la lutte est donc ferme et précise , c’est ainsi qu’à la veille du mouvement suscité,

le ministère  de l‘intérieur pour empêcher le mouvement  envoie,  un SMS aux parents et aux militantes en les sommant de respect l’ordre social. Pourtant l’espoir redouble d’éclat.  Si donc, ce dimanche 24 juin 2018, les rues du pays sont prises en otage  par de belles et de moches voitures conduites par des femmes, toutes  jeunes et toutes veilles comme ma grand-mère, c’est aussi bien là une volonté du prince héritier Mohammed Ben Salmane, une volonté qu’il a forgée depuis septembre 2017.
Mais là n’est pas une victoire totale car chez nous il n’y a ni liberté d’expression ni liberté pour la femme Saoudienne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire